L'innovation en
forum
Volvo CE retourne
vers le futur
Voici quelques semaines à Eskilstuna,
Suède, sur sa base historique, Volvo CE avait décidé d'entretenir la presse
mondiale de ses capacités en matière de créativité et d'invention. Pas de
nouveaux modèles donc à se mettre sous les yeux mais une mosaïque d'axes de
recherches qui figure l'avenir de la marque dans des secteurs aussi divers que
les transmissions, le design, la sécurité, l'environnement et bien sûr les
moteurs conformes "Tier 4 Final/étape IV".
Selon Anders
P. Larsson, le vice-président exécutif "technologie", l'innovation
est dans les gènes de Volvo CE. Pas moins ! Et son équipe avait donc
décidé de le démontrer à une cohorte de journalistes spécialisés venus d'un peu
partout sur la planète. Baptisé "forum de l'innovation", l'événement se
voulait l'occasion de détailler les nouvelles technologies, les nouveaux
concepts… sur le modèle d'une manifestation qui avait déjà eu lieu en 2011. On
laisse d'ailleurs entendre chez le constructeur que ce forum pourrait être
institutionnalisé et revenir à fréquence régulière.
Alors, quoi
de neuf docteur ?
Pour Anders P. Larsson, le vice-président exécutif "technologie", l'innovation est dans les gènes de Volvo CE [Photo Éric Massy-Delhotel]
L'abeille et
l'architecte
Premier
aspect de ce vent nouveau qu'entend souffler Volvo CE, c'est tout ce qui touche
à l'impalpable, voire à l'indicible ! Mais que l'on va tout de même tenter
d'expliquer en quelques lignes.
Tout d'abord,
pour Stina Nilimaa Wickström, directrice du design, l'innovation dans son
secteur consiste en un dosage subtil entre les améliorations ergonomiques et
une meilleure prise en compte de la perception émotionnelle des produits. L'innovation
ne devrait pas se réduire aux seuls aspects techniques d'une machine et le subjectif
est un point important dans la conception aux yeux de la responsable.
On fera
toutefois remarquer que la frontière reste subtile entre l'abeille et
l'architecte, entre le designer et l'ingénieur. En outre, au niveau des grosses
machines d'exploitation, on n'est pas forcément convaincu des potentialités
commerciales d'une touche d'émotion dans la conception de l'engin. Mais qui
sait ?
Qualité, sécurité
et respect de l'environnement sont également des valeurs que le constructeur
intègre dans son processus d'innovation. C'est en tout cas ce qu'Arvid Rinaldo responsable
de la stratégie de communication revendique en expliquant que ces valeurs fondatrices
de l'entreprise y jouent un rôle primordial.
Plus pour
moins
Entrons
maintenant un peu plus dans le cambouis et la réalité des machines avec Gunnar
Stein qui dirige le secteur des organes de transmission. Ce dernier estime que
tout processus de développement d'une nouvelle machine doit être envisagé sous
l'aspect d'un système complet et non juste comme un assemblage de différents
composants. Les besoins exprimés par les clients sont toujours à l'esprit des ingénieurs
de même que des facteurs comme la consommation de carburant réduite, le retour
sur investissement, la longévité, l'opérabilité ou encore la fiabilité. Il
s'agit de résoudre l'équation entre une productivité (exprimée en tonnes
déplacées par litre consommé) qui doit progresser et une consommation (exprimée
en litres de carburant par heure) qui doit quant à elle régresser. Le système
maison "Optishift" participe de cette recherche de l'efficacité mais
la réflexion ne s'arrête pas là et le responsable se prend à rêver devant les
possibilités offertes par des développements futurs combinant et incorporant de
nouvelles techniques aux systèmes éprouvés (hydrostatique, hybridation,…). Une
amélioration de 50 % de l'efficacité énergétique d'une chargeuse
"classique" ? C'est possible dit Gunnar… qui s'intéresse aussi
aux pelles.
C'est aussi
l'avis de Jenny Elfsberg qui chapeaute le domaine des technologies émergentes.
Mais l'innovation ne s'intéresse pas qu'aux évolutions majeures. De petits
détails dont la modification est peu onéreuse peuvent grandement faciliter le
travail des utilisateurs des machines. L'innovation vient aussi d'un découplage
matériel entre les différents composants avec l'exemple de la motorisation
hybride où le moteur n'est plus en prise directe. Ce sont également des
machines de plus en plus "intelligentes" qui assistent le conducteur
dans sa tâche et des interfaces homme-machine, machine-machine, de plus en plus
complexes et croisées.
Avant-dernier
étage
Restons
toujours au chapitre de l'innovation mais là on entre dans le très concret.
Issu d'une recherche commune avec la branche camion du groupe, le tout nouveau
moteur conforme à la norme Tier 4f/Stage IV va commencer à prendre du service
dès l'an prochain. Peter Engdahl, qui s'occupe de la question chez le
constructeur, donne quelques indications sur le nouveau-né qui se décline en
versions D6, D8, D11, D13 et D16 satisfaisant aux nouvelles contraintes
législatives européennes et nord-américaines.
Le système
d'injection maison V-ACT (Volvo Advanced Combustion Technology) est combiné à
une admission d'air plus efficace et à une gestion améliorée du moteur.
Largement testés en conditions sévères, les nouveaux moteurs ont été validés. Les
niveaux d'émission d'oxyde d'azote (NOx) sont ainsi ramenés de 2 g/kWh (Tier 4 Interim
/Stage IIIB) à 0,4g/kWh, soit une diminution de 80 % comme le demande la
nouvelle législation. Pour répondre à ces nouvelles exigences sans changer notablement
le moteur d'origine, la nouvelle génération fait maintenant appel à la
réduction catalytique sélective (SCR), une technologie qui a déjà fait ses
preuves sur plus d'un million des camions Volvo puisque ce système avait été
présenté en 2005.
Le SCR combine
l'injection de DEF (fluide d'échappement diesel) et d'AdBlue (solution à 32,5 %
d'urée dans de l'eau désionisée) dans l'écoulement des gaz d'échappement pour convertir
le NOx en azote et en eau. Le système réduit ainsi les émissions de NOx de près
de 95 %. En association avec ce SCR, une recirculation des gaz
d'échappement refroidis (E-EGR) est également mise en œuvre pour abaisser la
quantité de NOx en réduisant l'oxygène dans la chambre de combustion, abaissant
du coup les températures maximales. Enfin, un turbocompresseur à géométrie
variable (VGT) sur les D13 et D16 ou un turbocompresseur classique sur les
moteurs plus petits, fournit le couple instantané à faible régime pour une plus
grande sobriété.
Le système de
filtre à particules complètement automatique (DPF) fonctionne sans opération de
maintenance obligeant à arrêter l'engin ou à diminuer ses performances. La
régénération passive est enclenchée régulièrement à basses températures
d'échappement pour oxyder la matière particulaire. De plus, toutes les 500
heures, la matière particulaire est incinérée à haute température sans intervention
de l'opérateur. Pendant ce processus, le catalyseur (DOC) élève la température
des gaz d'échappement pour aider à la combustion de ces particules. Un septième
injecteur est employé pour vaporiser le carburant dans l'échappement. Ce
carburant est employé comme réactif par le DOC pour amplifier l'efficacité du
DPF. Un module de contrôle post-traitement (ACM) s'assure en outre de la
qualité des émissions.
L'entretien du
filtre, qui se fait toutes les 4 500 heures (6 000 heures sur les D4,
D6 et D8) se fait rapidement et facilement. Enfin, le système de gestion du
moteur (SME) qui adapte instantanément la puissance aux besoins a été mis à
jour et bénéficie d'un processeur plus puissant pour accomplir plus de tâches
avec plus de précision.
Entre rêve et
réalité
Entre rêve et
réalité, ce forum à la mode suédoise a quoiqu'il en soit permis de mieux cerner
les grandes tendances vers lesquelles se dirige le constructeur. On y voit
notamment une réelle volonté de penser l'avenir au-delà de la simple machine. Cet
avenir dira si Volvo CE roule dans la bonne direction.
Éric Massy-Delhotel
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