Le constructeur britannique aime la France mais, pour
l’édition 2015 d’Intermat, c’est « No thank you ». En effet, JCB
préfère consacrer les sommes ainsi économisées à engager des actions de promotions
beaucoup plus ciblées… en attendant une reprise du marché.
« Le marché
français est très important à nos yeux mais, cette année, nous avons pris la
décision de souligner notre présence en France de manière différente ».
Ainsi s’exprimait mi-mars, au siège de JCB à Rocester, Tim Burnhope, patron
"innovation et croissance" du groupe. Autrement dit, cela signifiait
clairement que le constructeur britannique avait décidé, tout comme
Caterpillar, de ne pas être présent à Intermat en 2015, imitant ainsi son grand
cousin des Amériques. Et Tim d’ajouter que l’équivalent du budget
consacré à un tel salon mais réparti sur l’ensemble de l’année allait permettre
au groupe de partir à la rencontre de ses clients hexagonaux et ceci de manière
beaucoup plus efficace.
Un marché pâlichon
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Une gamme lourde qui s’améliore de plus en plus
mais qui ne devrait pas prendre de poids [EMD]
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Cette absence est-elle la conséquence d’une année 2014 en
demi-teinte ? Pas directement selon ce responsable mais tout de même… En
effet, si les résultats en Grande-Bretagne, avec +29 %, et en Allemagne,
+10 %, sont plutôt réjouissants, les camarades chinois, indiens,
brésiliens et russes, avec respectivement -17, -15, -18 et -27 %, n’ont
pas contribué à la bonne humeur des représentants de la marque.
Et la France dans ce tableau peu coloré ? Elle s’est
maintenue, si l’on ose écrire, avec un chiffre d’affaires en progression… de
0 %. Mais l’Hexagone est une sorte d’astre singulier dans la galaxie JCB.
Comme le rappelle à juste titre Tim Burnhope, notre pays a été la première
"terre de mission" de l’entreprise dans les années 60-70 et demeure
un marché qu’il n’est absolument pas question de négliger.
Alors, justement, comme le revendique Philippe Girard, le
directeur général de la filiale française basée à Sarcelles, JCB se trouve sur la plus haute marche du podium hexagonal avec 3 000 machines
vendues en 2014 (sur 23 000). Même si l’agricole effectue une belle
dégringolade de -28 % (après les années fastes 2012-2013), le secteur du
BTP a permis à JCB une progression de 6 % notamment grâce à ses mini-pelles
mais pas seulement, sa gamme "lourde" de chargeuses (de la 417 à la
457) a également rencontré un certain succès de même que ses pelles sur pneus
et sur chenilles.
Pour 2015, on ne peut pas dire que le directeur général de
JCB France soit d’un fol optimisme. Il entrevoit même une baisse de l’ordre de
5 à 10 % au vu de ce qui se dessine au premier trimestre. Malgré tout, les
perspectives qu’il entrevoit pour le second semestre semblent plus
réjouissantes, notamment dans le secteur du bâtiment. « Il est donc important de renforcer notre
position » constate Philippe Girard qui ne cache pas qu’il fera tout
ce qui est en son pouvoir pour que le vent pousse du côté des mises en chantier
et des grands travaux.
Stratégie offensive
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Mini-pelle de 10 tonnes et motobasculeur
(dumper)
de 6 tonnes, deux des outils de croissance
mis en place par JCB [EMD]
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À l’appui de cette stratégie, celui-ci annonce d’ailleurs
l’ouverture d’une nouvelle succursale de distribution en Île-de-France, à
Villeneuve-le-Comte (77) et le transfert dans de nouveaux locaux de Colvemat en
Alsace. En France, le constructeur compte également sur l’innovation et le
développement de nouveaux produits et services comme "LiveLink", un
suivi à distance qui non seulement permet de pister les machines en cas de vol
mais aussi de gérer plus efficacement sa flotte (un point important pour les
loueurs).
Toujours du côté de Rocester en cette mi-mars, JCB avait
choisi de présenter quelques nouveautés. Même si ces dernières n’ont qu’un très
lointain rapport avec le monde de l’industrie extractive puisque l’on est ici
dans le domaine des "petites" machines, elles montrent la volonté du
constructeur d’occuper de nombreuses cases de l’échiquier.
C’est ainsi que Christophe Lecarpentier, directeur marketing
de JCB France dévoilait officiellement, dans le très discret et surveillé
"Innovation Center", la toute nouvelle 90Z-1, une mini-pelle urbaine
à zéro déport de 9 tonnes qui s’ajoute à la 100C-1 de 10 tonnes, à déport
conventionnel, déjà présentée en septembre. Christophe Lecarpentier présentait
également la nouvelle gamme de motobasculeurs, dénommés ici dumpers au risque
de la confusion, avec 13 modèles de 1 à 13 tonnes.
Gamme lourde mais pas trop
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Lord Bamford, en compagnie de son fils Jo,
et
son permis "trois volets" de la République Française ! [EMD]
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Bon, ces machines ne sont pas la tasse de thé du carrier
mais il en est d’autres comme les pelles JS300 (30 tonnes) ou chargeuses 457.
Ces dernières ont déjà été présentées dans un article précédent voici quelques
mois mais la question que l’on pouvait se poser est de savoir si le
constructeur avait l’intention de monter dans les tonnages. Apparemment, Lord
Anthony Bamford, qui préside aux destinées de JCB, regarde plutôt ailleurs. Il
ne va d’ailleurs pas hésiter à investir 180 millions d’euros cette année en
Grande-Bretagne pour améliorer ses unités de production et crée en outre une
nouvelle usine en Inde. Ce qui ne l’empêche pas une nouvelle fois de proclamer
son attachement à la France et au marché français en exhibant une pièce
unique : le permis de conduire hexagonal obtenu en 1965 lorsqu’il faisait
ses "classes" de ce côté du Channel !
Mais pour 2015, c’est décidé, Lord Bamford ne fera pas salon
à Intermat…
Éric Massy-Delhotel