vendredi 19 septembre 2014

Quarry party chez JCB

Le constructeur britannique JCB a organisé un grand show de présentation de ses nouveautés sur ses terres. Compte-rendu des principales attractions remarquées à cette occasion. Des détails complémentaires seront également publiés dans les revues "Mines & Carrières" et "Recyclage & Valorisation" éditées par la Société de l'industrie minérale (Sim). www.lasim.org

La carrière de Kevin, près de Rocester, centre d'essai et de
démonstration du constructeur [Photo ÉMD]
[Rocester, le 17 septembre 2014] Dans le monde des engins de chantier, on pourrait dire que le constructeur britannique JCB conserve toujours le charme du cottage raffiné face à la rusticité du ranch texan. C'est encore l'impression que l'on retire après la grande party organisée mi-septembre du côté de Rocester par l'entreprise familiale de Lord Bamford pour présenter les nouveautés de la marque. Bref, avec une météo exceptionnellement clémente pour la région, voici un résumé de ce qui a été offert à la curiosité des journalistes spécialisés.

Fauteuil Club

Tout d'abord, du côté des chargeuses sur pneus, c'est une nouvelle cabine dite "Command Plus" qui équipe la nouvelle mouture de la 457. Cette chargeuse est désormais animée par un moteur MTU Tier 4 Final de 7,7 l de cylindrée développant 258 ch. (193 kW), contre 250 ch. (186 kW) sur le modèle précédent, et ce en dépit d'une cylindrée plus faible. L'engin est équipé en standard d'un godet de 3,5 m3.
Mais c'est surtout la nouvelle cabine qui avait les honneurs de la présentation. C'est le premier modèle de la marque à recevoir cet équipement, sorte de cerise sur le pudding. La structure ROPS a été entièrement repensée. L'intérieur est particulièrement spacieux avec des surfaces vitrées généreuses. En effet, le chauffage, la ventilation et la clim ont été repositionnés en dehors de la structure principale pour gagner de la place. On trouve également des systèmes de réglage de la position de conduite sophistiqués qui interviennent tant au niveau des pédales que de la colonne de direction ajustable et des commandes hydrauliques montées sur un siège qui, en option, peut bénéficier d'une sellerie en cuir.
Le "silence" qui règne au volant de la 457
est véritablement remarquable [Photo ÉMD]
Tout cela est très cosy et très pratique "mais ce n'est pas fini" comme dit la publicité puisque l'on remarque dans le poste de conduite deux écrans LCD couleur, un premier sur la console centrale et un deuxième sur le montant de droite. Ce deuxième écran permet d'accéder aux menus d'exploitation de la chargeuse et contrôle la caméra de recul du véhicule. Enfin, le confort acoustique a été particulièrement soigné puisque le niveau sonore intérieur est donné à 67 dB(A). Pour avoir essayé la machine sur la carrière Kevin qui sert de site d'essai à JCB, on peut dire que le "silence" qui règne à son volant est véritablement remarquable.
Le constructeur indique par ailleurs que les petits modèles de sa gamme vont progressivement adopter cette nouvelle conception (environnement de l'opérateur amélioré, accès simplifié aux zones d'entretien régulier et niveaux de confort et de contrôle renforcés) au cours des prochains mois, à mesure que ces modèles évolueront vers des normes antipollution Tier 4 Final.

Chercher midi à 10 tonnes

Là, c'était une véritable nouveauté puisque la machine n'arrivera en France que dans le courant de la fin de l'année. On a ainsi pu assister au lancement, dans la gamme des pelles "midi", d'une machine de 10 tonnes de classe "C" (rayon arrière conventionnel). Selon le constructeur, cette montée en poids répond à une demande croissante des clients tant au Royaume-Uni, qu'en France et en Allemagne, voire aux États-Unis. En effet, pourquoi choisir une pelle midi de 10 tonnes et pas un modèle conventionnel de même niveau ? En fait, la conception déport pied de flèche de ce nouveau modèle offre un attrait supplémentaire pour l'utilisateur par rapport à une pelle sur chenilles de 13 tonnes traditionnelle, en particulier au niveau de l'accès aux sites confinés.
Cette pelle midi de 10 tonnes est une réponse à une
demande croissante des clients tant au Royaume-Uni,
qu'en France et en Allemagne, voire aux États-Unis
[Photo JCB]
La JCB 100C-1, c'est son nom, partage le même design que les nouvelles midi de la marque avec notamment un châssis inférieur en H entièrement repensé, de robustes capots en acier, un environnement opérateur relativement spacieux et un moteur Tier 4 Final offrant un meilleur rendement énergétique. C'est un diesel JCB fabriqué par Kohler qui développe 74 ch. (55 kW). On trouve également un distributeur hydraulique Bosch Rexroth et des moteurs d'orientation et de translation Nachi.
Avec un poids opérationnel de 9,5 t, la 100C-1 a la même largeur et la même hauteur à la cabine que la plus "petite" 86C-1, mais son déport arrière dépasse de 450 mm (soit 90 mm de plus que la 86C-1). En réalité, c'est sa forme qui permet d’accueillir un moteur plus puissant et une pompe hydraulique de plus grande capacité, ce qui signifie que la force d'arrachement au godet atteint 72,4 kN et celle du balancier, 42,3 kN.
Grâce à son ensemble flèche et balancier plus long, la nouvelle pelle offre une profondeur de fouille maxi de 4 628 mm, une hauteur de déversement de 5 603 mm et une portée au sol de 7 475 mm. Elle est également équipée d’un circuit hydraulique à réduction de pertes de charge breveté. Le pied de flèche, avec des paliers largement espacés, devrait bien garantir contre l'usure prématurée si l'on ajoute en plus des bagues bronze graphitées nécessitant un graissage toutes les 500 heures seulement. Par ailleurs, l’ensemble flèche balancier dispose de fixations de flexibles hydrauliques individuelles qui facilitent l'entretien et le remplacement. Deux circuits auxiliaires sont disponibles permettant aux opérateurs de programmer des paramètres de débit hydraulique individuels pour les équipements à partir du moniteur en cabine, de manière à changer rapidement et facilement les équipements commandés, tels que les marteaux-piqueurs et les grappins.
Et toujours le petit plus de JCB en matière de confort de l'opérateur… home sweet home ! La cabine développée en interne offre ainsi plus d'espace et de visibilité que les midi précédentes. Grâce à un nouveau système de climatisation, la cabine bénéficie d'une bien meilleure circulation de l'air pour un plus grand confort de l'opérateur et un désembuage rapide du pare-brise en hiver.

C'est du lourd

Pelle de 30 tonnes, la JS300 succède à la JS290
[Photo ÉMD]
Il y avait aussi des nouveautés dans les bonnes grosses pelles lors de la présentation dans la carrière de Kevin. Par exemple, dans la catégorie des 30 tonnes, la toute nouvelle JS300, qui remplace désormais la JS290. L'engin est animé par un moteur Isuzu de six cylindres de 216 ch. (161 kW) Tier 4 Intérim qui entraîne un double circuit hydraulique avec pompe à débit variable, commandé par le sélecteur de mode de travail JCB Smart Control. Ce dernier adapte automatiquement le mode de travail à mesure que l'on augmente le régime moteur. Associé à un ventilateur de refroidissement automatique avec entraînement hydraulique, ce système économise jusqu'à 5 % de carburant tout en réduisant aussi les émissions d'échappement.
Lorsqu'elle est équipée d'un balancier de 2,5 m et d'une flèche monobloc standard de 6,2 m, la pelle atteint une force de cavage au godet de 253,6 kN et une force de levage de 173,1 kN. La pelle bénéficie en outre d'une nouvelle géométrie de biellette qui accroît la profondeur de fouille (paroi verticale).
La nouvelle structure de la cabine optimise l'insonorisation et renforce la rigidité. Combinée au ventilateur de refroidissement automatique, cette structure réduit les niveaux de bruit intérieurs jusqu'à 70 dB(A). Côté confort, on reste dans la philosophie JCB avec un nouveau siège haut de gamme, un écran LCD couleur multifonctions de 7” facile à lire dans toutes les conditions d'éclairage et un dispositif de commutation remodelé pour commander la machine encore plus facilement.
La sélection des divers modes de puissance s'effectue plus aisément via une seule commande rotative intelligente. Au fur et à mesure de la rotation du sélecteur, le régime moteur augmente dans les quatre plages de puissances prédéfinies L à H+. La plage de puissances élevées est destinée à fournir la puissance requise pour les activités de terrassement intensives tandis que la plage Heavy Plus optimise le rendement de la pompe et du moteur. Pour utiliser la plage de puissances Heavy Plus, l'opérateur doit sélectionner un bouton + à côté du sélecteur rotatif, ce qui empêche toute activation accidentelle de celle-ci. Une fonction Power Boost est automatiquement proposée en mode L, tandis qu'elle ne peut être sélectionnée que manuellement dans les autres plages de puissances.
En outre, avec le système télématique LiveLink du constructeur, les gestionnaires et les propriétaires de flotte peuvent accéder à distance aux données d'exploitation et à la consommation de carburant de la machine.

À la niche

La 5CXWM pour les environnements difficiles
de traitement des déchets [Photo JCB]
JCB est surtout connu dans le grand public au travers de ses chargeuses-pelleteuses qui ont fait sa réputation. Or, ce n'est un secret pour personne, le marché de ce type d'engin est devenu "mature", comme on dit pudiquement, depuis belle lurette. Cela laisse entendre qu'ici le marché n'est pas des plus prometteurs mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas des "niches" pour entretenir l'espoir. Le traitement des déchets et le recyclage sont de ces niches que JCB soigne particulièrement avec sa gamme spécialisée Wastemaster (WM).
C'est donc dans cette gamme qu'on trouve désormais une chargeuse-pelleteuse 5CXWM, un modèle sur mesure pour les environnements difficiles de traitement des déchets. Grâce à sa capacité à utiliser une gamme complète d'équipements spécialisés, elle devient une machine idéale pour les centres de recyclage des ordures ménagères, les centres de transfert et les installations de tri, broyage ou mise en balles. Sa capacité à assurer diverses tâches élimine la nécessité d'utiliser d'autres machines telles qu'un chariot élévateur ou un transpalette, ce qui accroît encore davantage les économies.
Le nouveau modèle possède des stabilisateurs arrière plus longs et un châssis avant ou une benne multifonction avec un grappin sur la partie supérieure, équipés tous deux de stabilisateurs hydrauliques. Cette combinaison permet de surélever la machine et offre ainsi une visibilité exceptionnelle sur une benne ou un broyeur lors du compactage ou du chargement des matériaux avec une pince de tri, un godet à mâchoire ou un rouleau de compactage dédié.
D'autres équipements sont disponibles comme une pince de tri pour manipuler ou trier les déchets, des grappins à balles pour le chargement de balles ainsi qu'une balayeuse avec bac de ramassage pour l'entretien et le nettoyage des chantiers. Un cadre de levage à crochet pour la manutention des conteneurs et des bennes complète ce couteau suisse.
La gamme de godets spécifiques disponibles en option permet de réaliser de nombreuses tâches de retraitement de déchets. Du côté chargeur, les utilisateurs ont le choix entre une benne à grand volume, 6 en 1 ou une benne à grappin, en fonction de l'application et de la nature de la charge. Du côté pelle, un godet à mâchoire hydraulique, une pince de tri ou un grappin mécanique offrent de grandes capacités de manutention.
Le tout est animé par un moteur JCB EcoMAX de 109 ch. (81 kW) combiné au système Advanced EasyControl et à la transmission Powershift à 4 vitesses avec verrouillage du convertisseur de couple. La machine atteint une portée maximale de 7,10 mètres du côté pelle et ses commandes montées sur le siège de type pelle facilitent les opérations. Un modèle richement doté… selon la tradition des chargeuses-pelleteuses de la marque.

Au courant

Un groupe électrogène astucieux dans l'air du temps
[Photo ÉMD]
On le sait (ou on devrait le savoir), JCB est aussi un constructeur de groupes électrogènes. Et là aussi il y avait de la nouveauté en cette mi-septembre avec un modèle "hybride" dénommé Intelli-Hybrid. En effet, alors que les groupes électrogènes sont conçus pour répondre aux pics de charge d'une application, les sites hors réseau doivent souvent faire face à des besoins en énergie qui varient considérablement au cours de la journée, ce qui implique une utilisation peu efficace du groupe et une consommation de carburant excessive.
L'Intelli-Hybrid possède ainsi une série de cellules de batterie haute capacité à décharge poussée qui sont stockées dans la base de l'unité. Ces batteries sont chargées par le groupe électrogène pendant les périodes de charge élevée, lorsque le moteur tourne à sa puissance maximale. Pendant les périodes de faible charge, le moteur peut être arrêté tandis que les batteries continuent à fournir l'alimentation, ce qui accroît l'efficacité d'une manière similaire au système "start and stop" de certaines automobiles, tout en réduisant la consommation de carburant et les émissions.
En règle générale, un groupe électrogène de 100 kVA sur un chantier consomme jusqu'à 120 litres de carburant par jour en fonctionnant en faible charge, ce qui génère 340 kg de CO2. En arrêtant le moteur pendant 10 heures sur une période de 24 heures pour exploiter l'énergie de la batterie, il est possible d'économiser jusqu'à 40 litres de carburant par jour, tout en atteignant une diminution similaire du niveau d'émission. En outre, pendant que le groupe électrogène est alimenté par la batterie, généralement pendant la nuit, il ne fait pas de bruit, ce qui constitue une solution idéale en ville et en zone urbanisée. La diminution du nombre d'heures de fonctionnement du moteur va de pair avec un allongement de la période de service normale, ce qui réduit les frais d'entretien et le coût d'exploitation.
L'unité de base du groupe électrogène, alimentée par des moteurs JCB, renferme 24 cellules de batterie connectées à un variateur haute puissance. Ce variateur convertit l'énergie stockée à l'intérieur des batteries en tension secteur de 230 V 50 Hz ou 220 V 60 Hz. Les batteries sont chargées par trois chargeurs internes, mais peuvent aussi être chargées à l'aide d'une tension secteur via une prise d'entrée séparée pour une charge et un conditionnement à moindre coût. Les groupes électrogènes peuvent aussi être équipés de moteurs conformes au niveau d'émission IIIA pour le secteur de la location en Europe et peuvent être dotés d'une sortie 60 Hz le cas échéant.
Le système de batterie a également été installé en prévoyant l'intégration éventuelle ultérieure de sources d'énergie renouvelables telles que le vent et le soleil. Cela permettra de réduire davantage encore le coût d'exploitation des groupes électrogènes dès que ces autres sources d'énergie deviendront disponibles plus rapidement. Les batteries au gel étanches ne nécessitent pas d'entretien régulier et intègrent des ventilateurs de refroidissement qui minimisent l'accumulation de chaleur pendant la charge.

Et encore…

Cette présentation est loin d'être exhaustive puisque, lors de cette manifestation, de nouveaux modèles de chargeuses compactes, de pelles sur pneus et autres engins étaient mis en avant. Elle se limite ici, on l'aura compris, aux machines pouvant relativement intéresser le monde de l'industrie extractive ou celui du traitement des déchets.

Éric Massy-Delhotel

jeudi 4 septembre 2014

Pneus recyclés: changement de direction

On l'avait senti un peu las, le 22 mai dernier lors de l'anniversaire officiel des dix ans d'Aliapur. De fait, Éric Fabiew, le directeur général de l'organisme, se montrait peu optimiste face à la volonté de certains, au niveau gouvernemental, de placer la filière de recyclage des pneumatiques usagés sous agrément au 1er janvier 2020. Et cela n'a pas manqué, le 3 juillet, les députés votaient l'article 49 bis du projet de Loi sur l'économie sociale et solidaire qui confirmait cette "mise sous tutelle" d'une filière pour une fois sans problèmes majeurs. Les guerres de religion, on le sait, reposent largement sur le dogmatisme et font à coup sûr des ravages. On peut donc s'attendre à pas mal de dégâts dans le secteur.
Est-ce la raison (ou une des raisons) qui a précipité le mouvement ? Quoiqu'il en soit, un communiqué officiel annonçait le 3 septembre que le directeur général quitterait ses fonctions au début de l'année prochaine et serait remplacé par Hervé Domas. Ce dernier a rejoint l’entreprise le 1er septembre et succédera donc à Éric Fabiew qui achèvera ainsi une carrière de près de cinq décennies, dont la dernière a été consacrée à inventer, créer et développer la filière de valorisation des pneus usagés. Une période dont chacun pourra témoigner que ce ne fut pas une "promenade de santé" pour le dynamique et bouillant dirigeant.
Hervé Domas (à g.) et Éric Fabiew
Quant à Hervé Domas, quinquagénaire, jurassien d’origine et lyonnais depuis une quinzaine d’années, il est diplômé de l’École supérieure de Commerce de Clermont-Ferrand. En 1989, il entre dans le groupe Keolis (transport). "Il y a une similitude de philosophies entre le transport de voyageurs et l’activité d’Aliapur, note Hervé Domas : ce sont des entreprises privées qui assurent parfaitement des missions d’intérêt général. Le cap des dix ans d’existence que vient de passer la filière montre que tout est possible avec de la constance, de la ténacité et de la persévérance. Je suis heureux de rejoindre une équipe dont les membres viennent initialement d’horizons très divers mais qui partagent les valeurs d’effort et d’unité insufflées par Eric Fabiew".

Effectivement, pour Hervé Domas, qui prendra pleinement ses nouvelles fonctions courant janvier, tout est possible et il devra faire preuve d'une bonne résistance à l'usure.